Le weekend dernier, le petit village de Buis les Baronnies, dans la Drôme donc, accueillait comme chaque année les coureurs pour ses 3 formats de trail. Un 10km “au milieu des Oliviers”, un 21 km “Le tour du Linceuil” et un 57 km “Sur les traces des Barons”, un nom qui en jette un peu plus que les autres, mais passons. Non, outre les jolis paysages provençaux, la FFA avait surtout choisi le Trail Drome pour les championnats de France de Trail Court (sur le 21) et de Trail Long (sur le 57). Un choix qui relève toujours de l’exercice périlleux, côté Championnat, comme côté coureurs.
Eh oui, parce qu’il y a déjà le choix du format. C’est quoi du trail court, c’est quoi du trail long. Bon, il existe des statuts, des minimas et des maximas en distance, dénivelé, type de terrain. Mais quand même, si vous êtes par exemple un spécialiste alpin ou pyrénéen, disons-le tout de suite, c’est pas votre saison de ski alpinisme ou même votre entrainement en vallée d’Ossau qui vous a bien préparé pour le trail Drome. 57 km et 2950d+, c’est pas rien, attention. Pour un amateur comme moi c’est un menu super copieux. Mais en montagne (ça vous gagne haha) souvent ça tape un peu plus fort. Aux championnats du monde à Innsbruck l’an dernier, le trail court faisait 42 bornes et 3100 d+, le long 85 et 5500d+… Clairement, ça ne s’adresse pas aux mêmes profils. Et pourtant… On envoie qui ? Eh bien évidemment, ceux qui ont trusté les premières places du championnat de France. Bon vous allez me dire, pas de risque cette année, bande de petits malins.
Y’a pas de championnat du monde cette année.
Mais bon, un championnat d’Europe. A la Maxi-Race d’Annecy (quand je vous tanne avec le fait qu’on est le pays du trail…). Et le trail fera quoi ? 66 km et 4100d+. Pas 100% montagne non plus, mais un peu plus raidasse quand même, vous ne trouvez pas ?
Allez bon, disons que c’est une course de prépa, ce trail Drôme. Mais bon, une que les champions doivent gagner pour aller en Equipe de France ! Sauf que voilà, entre les jeunes en forme et les vieux en forme, il y avait une densité absolument ahurissante dans les coureurs qui étaient là. Et encore, certains étaient absents ! C’est un peu le problème des grosses cotes ITRA ou UTMB, on a tendance à voir qui a gagné la dernière série de courses et oublier un peu toute la qualité de ceux qui viennent juste derrière. La réalité pour les athlètes français de talent, et il y en a vraiment beaucoup, c’est que les gagnants hommes et femmes pour le trail long, ont été ceux qui sont injouables actuellement et qui ont préparé cette épreuve attentivement.
Benjamin Roubiol a été très malin, parce que déjà il fait peur à tout le monde sur ces formats nationaux (vice-champion de France 2023, champion du monde 2023…). Côté féminin, Blandine L’hirondel est de nouveau en forme, résultat elle pulvérise. Elle est maintenant 2x championne du monde, 2x championne d’Europe, 2x championne de France. Dur dur… d’être aligné en face. Et à vrai dire, dur d’être aligné tout court.
Ceux qui ont gagné, et même ceux qui ont fait le podium sont en réalité ceux qui étaient déjà très forts à l’automne dernier. En témoigne Julie Roux qui a complètement repassé toutes celles qui s’alignaient en face d’elle fin 2023, alors qu’elle avait accouché au mois de mai 2023 : double victoire à Serre-Ponçon, victoire sur les Templiers et victoire à la SaintéLyon. A l’inverse, plusieurs de ceux qui ont fait une grosse prépa générale cet hiver n’étaient soit pas encore prêts, soit prêts pour des formats différents. Les montagnardes Axelle Henry (qui a gagné la Mascareignes à la Diagonale des fous et signé le record de l’épreuve) et Manon Bohard ont fini respectivement 10è et 9è…
Et les autres ? Eh bien il y avait pas mal de traileurs de formats 100k et 100 miles qui n’étaient tout simplement pas là, à cause de leur préparation sur d’autres formats et d’autres championnats. Ceux qui font les World Trail Majors se préparent pour le légendaire MIUT à Madère (plus casse-pattes, tu meurs), et ceux qui font le circuit UTMB avaient le Chianti (Italie) et l’Istria (Croatie) au début du mois. Enfin, signalons que certaines team (Hoka en tête) avaient des semaines de formation-cohésion, donc tous leurs athlètes étaient “hors circuit” pour l'entrainement… Même si ça concerne surtout les stars de l’été (d’Haène, Joyeux-Bouillon, Blanchard, Grangier, Dunan-Pallaz et consorts) : tous ceux et celles-là ne sont pas encore vraiment entrés dans leur saison. Résultat ceux qui ont gagné aux Championnat de France sont aussi et peut-être surtout ceux qui voulaient cet objectif très particulier.

Et moi ? L’entrainement bat toujours son plein. La prochaine épreuve se jouera en terre Basque, sur les sentiers très pentus de l’Euskal Trail. Je vois beaucoup de coureurs autour de moi qui ont passé et réussi leur première épreuve de l’année, et malgré un peu d’amertume franchement, je me réjouis pour eux. La saison est longue, il y en aura pour tout le monde !
Même pour les déçus de la Drôme.
Et les championnats de course en montagne, personne n'en parle ? C'est quoi la différence d'ailleurs ? 😜
Je commente peu, mais je lis tout et je trouve tes articles toujours aussi sympas. Donc, merci ! ☺️